Il est grand temps que l’industrie de la mode devienne plus écoresponsable.
Alors que la fashion week de Paris touche à sa fin et signe ainsi la fin de la saison des fashion week, il est temps pour nous de regarder ce que celles-ci ont apportées en termes de mode écoresponsable. La réponse se trouve non pas à la fashion week de Paris, mais à celle d’Helsinki (20-25 juillet 2018, fondée et organisée par l’entrepreneuse de 26 ans Evelyn Mora) et à la prestigieuse fashion week de Milan (18 au 24 septembre 2018). L’industrie de la mode pose en effet un gros problème écologique : la « fast fashion » ainsi que les matières premières non durables et polluantes ou encore les méthodes de production non respectueuses, tant de l’environnement que des droits de l’homme représentent autant de danger pour le développement durable, sans parler du gaspillage induit par la « fast fashion ». Toutes ces raisons, et bien d’autres encore, sont autant de preuves qu’il est temps de trouver une alternative. C’est pourquoi il est si important et encourageant de voir qu’au cœur des fashion week les acteurs se mobilisent pour défendre et promouvoir une idée de la mode plus écoresponsable et durable.
Bien que la fashion week d’Helsinki aille plus loin que celle de Milan -notamment car c’est la première FW 100% écoresponsable et que tout est dédié à la promotion d’une mode durable et de ses acteurs-, les deux initiatives se doivent d’être reconnues.
D’un côté, il y a la fashion week d’Helsinki, relativement jeune puisque sa première édition date de 2014, dont la structure entière a été pensée pour être respectueuse de l’environnement. Le concept est nouveau et permet de faire connaître de nouveaux stylistes, tout comme la couverture médiatique permet de sensibiliser le public et de promouvoir une nouvelle idée de la mode, plus durable et écologique, tant du côté de créateurs que des consommateurs. Et effectivement, chaque création apparaissant dans les défilés était aussi écoresponsable que possible, ie provenaient de matériaux recyclés ou écologiques, avaient été produites en respectant les droits de l’homme et de la manière la plus propre possible …
Bien que cette initiative arrive à point nommé, elle reste inhabituelle dans le monde de la mode. Il fallait donc que les organisateurs trouvent un moyen d’assurer le succès de la fashion week. Et c’est précisément pour ce dernier point qu’il est si important que les quatre grosses fashion week (New-York, Londres, Milan et Paris) s’impliquent dans la mode écoresponsable : les organisateurs devaient trouver des têtes d’affiches pour inciter le public, les influenceurs et les journalistes à venir aux défilés. Et c’est pour cela qu’ils se sont tournés vers les lauréats des « green carpet awards » (co-organisés par la chambre nationale de la mode italienne et eco-age, ils se tiennent chaque année à La Scalla et clôturent la fashion week de milan en récompensant les créateurs les plus engagés dans la mode écoresponsable) de l’an dernier. Ils ont choisi Tiziano Guardini (cf photo) comme tête d’affiche, lui qui avait remporté le prix du meilleur jeune créateur pendant la cérémonie en 2017. Cette fashion week assez spéciale a aussi été un succès du point de vue de l’inclusion, puisqu’elle a mis en lumière des créateurs venant de pays souvent délaissé par la haute couture, tels que l’Inde ou la Grèce.
De l’autre côté, même si la fashion week de Milan ne va pas aussi loin que celle d’Helsinki, c’est déjà très prometteur qu’une des grandes fashion week (celle de milan existe depuis 1958 et est suivie dans le monde entier) décide de consacrer une soirée à la mode écoresponsable. Du fait de la couverture médiatique colossale, cette soirée permet vraiment de sensibiliser les gens et de pousser les créateurs vers une mode plus durable et responsable. De plus, loin d’être intéressant uniquement pour les jeunes créateurs cherchant de la visibilité, les grandes maisons de couture peuvent également en tirer profit. On peut prendre l’exemple de Versace, fondée en 1978 par Giovanni Versace et, depuis son assassinat, géré par sa sœur Donatella (directrice artistique depuis 1997). Cette maison a été récompensée cette année en raison des récents changements orchestrés par Donatella, tels que la décision de ne plus utiliser de fourrure, de créer des points de vente plus écoresponsables ou encore de placer les salariés et leur bien-être au cœur de la culture d’entreprise.
Pour conclure, même si ces deux initiatives ne suffisent pas à changer l’industrie de la mode, elles sont à saluer car représentent un pas en avant vers une industrie plus propre et une attitude plus responsable, tant de la part de créateurs que des consommateurs. L’on peut seulement espérer qu’il s’agit du début de la transition vers une mode éco-responsable, et que les trois autres grandes fashion week (New York, Londres et Paris) prendront exemple sur celle de Milan.
Sources :
https://en.vogue.me/fashion/designers/highlights-helsinki-fashion-week-2018/
https://www.marieclaire.com.au/helsinki-fashion-week-2018
https://eco-age.com/news/green-carpet-fashion-award-winners-2018