Alors que les green carpet award se tenaient il y a trois semaines à la Scala de Milan pour clore la fashion week, il convient de s’intéresser de plus près à ce que sont réellement ces prix et à ce qu’ils nous apprennent sur la mode écoresponsable.
Tout d’abord, il ne faut pas oublier que les green carpet fashion award sont tout nouveaux : la première édition s’est tenue en 2017 ! Cette soirée est partiellement organisée par la fondatrice d’eco age (conseil en communication et écodurabilité), Livia Fifth, et vise à encourage et faire (re)connaître internationalement la mode écoresponsable. Dans cette entreprise, Livi Fifth a bénéficié de l’appui de nombreuses maisons de premier ordre, telles Valentino, Prada ou Gucci ; qui se sont vraiment engagées et ont présenté leurs nouveaux labels écoresponsables afin de sensibiliser le plus grand nombre à la mode écoresponsable. Cette soirée vise aussi à promouvoir l’artisanat, comme par exemple le travail du cuir, dont l’Italie est pleine.
En bref, on peut dire que le but de cette soirée, en plus de récompenser des personnalités du monde de la mode pour leurs efforts vers une mode plus durable ; est aussi d’ouvrir la voie et de paver la route vers une vraie industrie de la mode écoresponsable. Pour mieux comprendre les valeurs que défend cette cérémonie, intéressons-nous à trois lauréats de cette année : les cordonniers de Ferragamo, pour le prix de l’artisanat, Suzy Menkes (rédactrice de Vogue online) et enfin Donatella Versace (directrice artistique Versace depuis 1997).
Les cordonniers de Ferragamo
L’histoire de Ferragamo peut facilement être comparée à un conte de fée : Salvatore Ferragamo, le fondateur de la maison, a étudié la cordonnerie à Naples avant d’émigré aux USA en 1914. Il devient rapidement le chausseur des stars hollywoodienne, telles que Maryline Monroe. Sa force résidait à la fois dans ses designs avant-gardistes (comme par exemple la chaussure au talon en forme de cage) et dans le confort de ses chaussures, auquel il attachait tellement d’importance qu’il a étudié l’anatomie à l’université de californie du sud dans ce but. Une fois le marché américain conquis, il est retourné en Italie en 1927 et a ouvert son premier atelier à Florence. Dans les années 50, son entreprise avait tellement fleurie qu’il employait environ 700 artisans de pointe, produisant environ 350 paires de chaussures faites à la main par jour.
Aujourd’hui, la maison Ferragamo s’appuie toujours sur son passé et l’excellence de son artisanat. En témoigne le fait que, cette année, les cordonniers de chez Ferragamo (et affiliés, puisque la maison travaille avec d’autres ateliers indépendants, dont les artisans sont tout aussi qualifiés) ont gagné le prix de l’artisanat au green carpet award. Bien sûr, la maison travaille aussi avec des machines, mais l’artisanat et le savoir-faire des artisan reste au cœur du processus de design et de production. En protégeant ce savoir-faire et en aidant à sa transmission entre les générations, la maison s’inscrit vraiment dans une approche durable et écoresponsable : les produits vendus par la maison sont fabriqués avec savoir-faire, faits pour durer et pour être toujours mieux conçus et/ou réaliser. D’où par exemple la création d’un « département durabilité » au sein des équipes, comme nous l’explique la vidéo ci-dessous. Ferragamo essaie d’être toujours plus durable écoresponsable, ce qui passe à la fois par la préservation et la transmission des compétences des artisans et la recherche de nouvelles matières premières (comme le cuir de poisson par exemple), plus écologiques.
Visionnez le reste de la vidéo ici: https://www.youtube.com/watch?v=rvqlpgRDUXg&t=240s
Suzy Menkes
Compte tenu du fait qu’elle est rédactrice pour l’un des plus puissants et iconiques magazines de mode au monde, Suzy Menkes bénéficie d’un poids particulier lorsqu’il s’agit de mode écoresponsable. En étant personnellement impliquée dans la mode écoresponsable et sa promotion, elle ouvre une voie et incite les marques à prendre le tournant du vert en leur apportant son soutien. Elle a de plus toujours été tournée vers la mode écoresponsable : pour elle, il est important que chaque consommateur pense à ce qu’il y a derrière le vêtement qu’ils sont en train d’acheter. C’est-à-dire que chacun doit penser au processus de fabrication complet, et essayer d’acheter uniquement les habits produits de la manière la plus respectueuse de l’environnement et des droits de l’homme. Elle croit aussi fermement que les habits sont faits pour être portés jusqu’à l’usure, non pas jeté après avoir été mis une fois. Son point de vue est vraiment avant-gardiste en ce sens qu’elle le défend depuis les prémices de l’ère de la fast fashion, et à la pointe de la mode écoresponsable puisqu’il regroupe tous ses principes : une ligne de production et de distribution respectueuse tant de l’environnement que des droits de l’homme, et un cycle de vie complet pour les habits.
If you are interested in her standpoint, check this interview out ! https://eco-age.com/news/life-i-know-it-suzy-menkes
Versace
Comme nous l’avions expliqué dans notre dernier article (https://directimex.com/en/sustainable-fashion-helsinki-milan-fw/#more-9506), Donatella Versace (directrice artistique de la maison Versace depuis 1997) a gagné un prix cette année, faisant suite aux changements récents qu’elle a mis en œuvre. L’approche écoresponsable de Versace repose globalement sur trois piliers, qui se recoupent :
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Replacer l’humain au cœur de la création/production/distribution, c’est-à-dire encourager la diversité, les jeunes talents, et construire une culture d’entreprise autour de la durabilité. En bref il s’agit de promouvoir des valeurs écoresponsables au sein des équipes Versace, pour qu’elles travaillent, autant que faire se peut, en accord avec les valeurs que défend la maison.
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Promouvoir l’excellence italienne, c’est-à-dire promouvoir l’artisanat italien de pointe et aider à la transmission de compétences entre générations. Cela signifie aussi que les produits estampillés Versace doivent être aussi qualitatifs que possible (pour, justement, assurer leur pérennité), jusque dans les moindres détails.
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Perturber le monde du luxe de manière positive, c’est-à-dire fonctionner selon de nouveaux codes, notamment une supply chain plus écologique et respectueuse des droits de l’homme ou encore certaines matières premières bannies (comme la fourrure).
On remarque vite que ces trois piliers se soutiennent mutuellement : en plaçant l’humain au cœur du processus de production, cela permet aux artisans d’incarner les valeurs de la maison tout en transmettant leurs savoirs ; le tout en rendant les produits de plus en plus écoresponsables.
En conclusion, il est important d’encourager ce genre d’initiatives car c’est la seule manière d’impulser un réel tournant dans le monde la mode. Il est aussi important de saluer l’engagement de grandes maisons ou de personnalités du monde de la mode vers une mode plus écoresponsable et durable.
SOURCES :
http://lifestyle.inquirer.net/206104/master-italian-cobbler-shoes-how-a-ferragamo-shoe-is-made/
https://en.wikipedia.org/wiki/Salvatore_Ferragamo
https://www.versace.com/international/en/world-of-versace/stories/sustainability/